Mieux : de mettre NOS mots sur nos maux.
Car notre histoire ne ressemble à aucune autre, il n'y a que nous qui pouvons en parler et trouver les mots justes. Ceux qui vont nous permettre de déloger ce qui, en nous, ne peut encore se dire, et qui pourtant doit se dire, et parfois même se crier, pour que nous nous libérions de ce qui nous empêche de vivre, aussi sereinement, aussi pleinement, que nous pourrions le faire s'il n'y avait pas cette boule dans la gorge, dans le ventre... ce questionnement... cette tristesse ou cette colère... cette déchirure… et cette plainte dont on entend le chant lointain.
Parler à qui ?
Si parler est le premier pas qu'on s'autorise à faire vers la liberté, l'interlocuteur est tout aussi important et les résultats ne sont pas les mêmes suivant qu'on parle à son meilleur ami, au premier venu rencontré dans la rue, à un sourd ou à son doudou !
Parler, oui, mais il faut un interlocuteur et pas n'importe lequel : si possible, un qui ne soit ni maman ni papa ! Qui ne ressemble en rien à la petite soeur capricieuse de la famille ou au grand frère qui donne des ordres à tout bout de champ ! Plutôt quelqu'un qu'on ne connaît pas et, surtout, qui ne nous connaît pas. Quelqu'un qui n'a pas d'à priori sur nous, qui ne pense pas qu'on exagère, qu'on n'est pas très gentil(le), que ceci, que cela...
Une personne dont c'est le métier
Cela existe encore ? Oui, un psy. Un bon psy. Un que notre histoire ne fait pas bayer aux corneilles mais qui ne pleure pas non plus quand on lui raconte des choses tristes, pire, dramatiques. Car il y en a des choses douloureuses à dire... Un qui ne vous dit pas non plus, comme la plupart des amis qui finissent par se lasser de notre questionnement et de nos angoisses: "Allez, fais un effort, tu as tout pour être heureux (se), arrête de te lamenter sur ton sort ! "
Bref, un dont c'est le métier. Quand on a un problème de plomberie, on a parfois des amis qui s'y connaissent un peu dans ce domaine et qui peuvent dépanner provisoirement, mais jamais aussi bien qu'un vrai plombier, il faut le reconnaître.
Parler au téléphone
Vous avez déjà essayé de parler à quelqu'un qui a les yeux bandés et de lui parler en ayant vous-même les yeux bandés ? Essayez. On ne cherche plus à plaire à l'autre, à l'impressionner ou à le bluffer ! On se concentre juste sur soi, on écoute ses réponses, on avance un peu plus vers lui et finalement on se livre et on apprend à ne plus avoir peur de lui, de soi, et à parler vrai.
C'est cet espace de vérité et de liberté qu'on trouve sur le divan quand on fait une psychanalyse et que le psy est derrière nous. C'est ce même espace que l'on retrouve quand on parle à un psy par téléphone. Une intimité naît de ce dialogue où l'on ne connaît pas le visage de l'autre, où l'on n'entend que sa voix et, à travers elle, où l'on perçoit au plus juste qui on a "en face" de soi...
Consulter par téléphone n'est pas seulement le domaine de prédilection des pudiques ou des timides, ou des personnes pressées qui n'ont pas le temps de se rendre chez un psy et choisissent le moment idéal, parfois tard dans la nuit, pour consulter. Ou des français résidant dans un pays étranger où l'on ne parle pas leur langue. Ou des personnes habitant des petites villes où elles ne veulent pas être reconnues. Consulter par téléphone, c'est aussi réussir, sans doute plus vite, à instaurer une confiance immédiate avec son psy qui permet, sans précipiter le rythme propre à chacun, de parvenir à saisir ce qui jusqu'alors nous échappait.
Rina Novi
