La douleur de l’isolement généralisée
Il existe une douleur très profonde, qui s’immisce partout dans nos sociétés :l’isolement.
Nous côtoyons des êtres humains mais nous n’avons aucun plein rapport avec eux. Nous leur disons peut-être bonjour, entrons en rapport avec eux dans des buts divers, mais sans jamais toucher le sens réel du lien. Sans sentir un lien autre que d’efficacité ou de politesse distante et purement sociale.
La méditation sur l’amour bienveillant vise à nous permettre de retrouver ce lien sans lequel notre existence est terne et douloureuse. Sans laquelle même la vie est comme éteinte.
Or ce lien n’a pas à être construit, tout être humain est d’avance relié à tous les autres. Il ne faut pas le fabriquer, mais apprendre à le laisser être.
C’est le sens des remarques du renard dans le livre de Saint-Exupéry.
Le petit prince veut un ami, mais comme lui dit le renard :
« On ne connaît que les choses que l'on apprivoise. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire ? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... ».
C’est étonnant, la méditation sur l’amour bienveillant tient de cette discipline que propose le renard.
Etre juste avec ce qui est, ouvert à lui, sans avoir d’intentions particulières.
Or cette attitude déconcertante en réalité transforme tout.
Le renard n’aime pas d’avance le petit prince, mais par l’attention qu’ils s’accordent le lien peut se déployer.,
il y a là une grande leçon : si l’on ne peut forcer l’amour, il importe cependant d’apprendre à lui donner droit.
Quand ai-je une relation réelle avec un autre être humain ?
Quand je le regarde à distance « objectivement » ou au contraire quand je commence à sentir le lien qui nous unit ?
Et pour ce faire, je suis alors moi-même touché par ce que je regarde. Voilà ce qu’il nous faut réapprendre.