Ma boite aux lettres est devenue peu bavarde...
Mise à part une ou deux factures en provenance d’une entreprise jugée archaïque par la seule existence de leurs enveloppes oblitérées, aller prendre mon courrier n’est plus une routine.
Plus obligée de descendre dans le hall de l’immeuble, ou de prendre l’allée menant au portail !
Encore moins de saluer quelque voisin dans l’ascenseur ou celui du jardin d’en face !
Point d’effort à faire sur mon apparence négligée dont aucune mauvaise langue ne sera témoin.
Mon courrier est la, sur mon bureau dans une boite à images et je vais l’ouvrir d’un seul clic sous le regard mari de mon coupe papiers.
Elles sont nombreuses mes boites, sagement classifiées par genre : la famille, les amis, le pro, et puis les indésirables…
Ah les indésirables, tous malades d’un virus pandémique, véritable bouillon de culture dans lequel il vous faudra plonger, et sans vaccin, pour retrouver l’amie d’enfance qui vous envoie un mot de temps en temps, juste comme ça, sans raison, et qui ne figure pas « encore » dans vos contacts.
Comment la retrouvée dans cette boite poubelle, entre réclame et publicité nouveau label Spam, entre viagra, augmentation du pénis, et réduction des seins, et avant qu’elle ne disparaisse, dans cette boite a ordures pleine de déchets dont je n’ai fait aucune consommation ?
Elle est là ! Discrète, chaleureuse, sans abréviations,
Bonjour. Juste envie de parler.
Parler, oui parler, se dire bonjour avec des mots qui résonnent dans la bouche, dans nos yeux. Comment vas-tu ?
Se prendre par la main pour remonter l’allée ou prendre l’ascenseur, partager l’arôme d’un café, comme celui du temps qui passe.
Cesser d’écrire ou de hurler pour simplement parler et dire : Bonjour..Autrement !
A ma voisine, à ses enfants, son chat et à ma jolie boite aux lettres qui attend.
Bon jour vraiment.
Anahi Cuello
